« Tu t’écoutes trop »
« Quel égoïste, celui-là, il ne pense qu’à lui! »
« J’ai pas le temps de penser à moi! »
Combien de fois avez-vous déjà entendu, ou vous êtes-vous déjà dit ces phrases?
Autant de phrases négatives qui n’apportent que jalousie, rancœur et culpabilité.
Une femme reprochait toujours à son mari d’être égoïste. L’aigreur était si forte en elle que lorsqu’elle s’adressait à lui, c’était comme du venin qu’elle lui crachait à la figure. Et le mari la fuyait pour éviter ses reproches. Plus il fuyait et plus elle lui envoyait des piques. Et plus elle lui en envoyait, plus il fuyait! L’ambiance entre eux était si détestable que même leurs enfants évitaient leur compagnie. Ils étaient à deux, mais ils se sentaient seuls, malheureux, incompris.
Pourquoi?
Parce que la femme, qui avait appris que pour être aimée, il faut être quelqu’un de bien, c’est-à-dire quelqu’un de gentil, qui se dévoue pour les autres, avait développé la croyance qu’elle devait s’oublier, oublier ses besoins, pour s’occuper des autres avant tout. Elle attendait donc que son mari réponde à ses besoins à sa place.
Parce que le mari, qui avait appris que pour être aimé, il faut être quelqu’un de respectable, c’est-à-dire quelqu’un qui respecte ses engagements et prend ses responsabilités, avait développé la croyance qu’il était responsable de sa femme, et qu’il devait la supporter quoi qu’il arrive, parce qu’il s’était engagé avec elle. Pour honorer l’idée qu’il avait de la responsabilité, il oubliait ses propres besoins.
Mais il ne comprenait pas sa femme. Il ne comprenait pas ses besoins. Et à cause de ça, sa femme lui en voulait!
Tout ça à cause de croyances erronnées sur l’égoïsme. Pour éviter ce genre de drames, je pense qu’il est important de bien définir ce qu’est l’égoïsme.
D’après le Petit Larousse illustré 2007, l’égoïsme est une « tendance qui porte un individu à se préoccuper exclusivement de son propre plaisir et de son propre intérêt, sans se soucier de ceux des autres ».
Par opposition à l’altruisme: « disposition de caractère qui pousse à s’intéresser aux autres, à se montrer généreux et désintéressé ».
Dans l’égoïsme, cet horrible défaut dont nous avons tous si peur que les autres nous affublent, il s’agit donc de la notion de plaisir et d’intérêt. Nulle part on ne parle de besoins.
Et je crois que notre idée erronée de l’égoïsme vient de cette confusion entre besoins et plaisir. S’occuper de ses propres besoins n’est pas égoïste, au contraire.
En tant qu’individus, nous avons tous des besoins. Enfants, les adultes pourvoyaient – ou non – à ces besoins, et en grandissant, nombre d’entre nous avons développé la croyance que seuls les autres pouvaient combler nos besoins.
Ainsi, nous passons notre temps à rechercher l’âme-soeur, ou pire, notre « moitié » (ce qui implique que seul, nous ne sommes qu’une moitié de personne!), cet être merveilleux qui va enfin pouvoir nous apporter ce bonheur dont on rêve tous. Et nous attendons aussi souvent des autres qu’ils devinent nos besoins et y répondent.
Mais nous seuls connaissons nos besoins. Comment espérer que notre compagne (compagnon) ou nos amis les devinent? C’est surréaliste!
On ne peut pas attendre de quelqu’un qu’il réponde à nos besoins et qu’il panse nos blessures. C’est à nous-même de le faire. Nous sommes responsables de nous-mêmes avant tout. Nous avons le devoir de nous occuper de nous, car personne ne peut le faire à notre place.
En fait, nous sommes des individus complets et parfaits. Nous formons une unité. Et le bonheur ne peut venir que de l’intérieur. Toutes les solutions sont à l’intérieur. Vous êtes allés voir? Cherchez bien.
Répondre à nos propres besoins est un acte d’amour. C’est un acte d’amour envers soi-même, et cet amour que l’on se donne bénéficie à notre entourage.
Ne pas répondre à nos propres besoins, et attendre que d’autres le fassent à notre place, produit de la frustration, de la colère, de la rancoeur. Parce que ce n’est pas comme cela que ça fonctionne!
Et ce n’est qu’une fois qu’on a répondu à nos propres besoins que nous pouvons répondre à ceux des autres. Comment une mère peut-elle nourrir son enfant si elle-même ne se nourrit pas? Tout commence par soi.
Alors, vous pensez toujours que c’est égoïste de penser à soi?